Estelle Delangle

Interview d’Estelle Delangle, chef de projet au pôle européen du chanvre

Pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Je m’appelle Estelle Delangle et j’ai intégré le Pôle européen du chanvre le 4 mai 2020.

Avant ça, j’ai travaillé à la Tremblade, une petite ville au Sud de la Rochelle pour l’IFREMER (Institut français de Recherche et pour l’Exploitation de la Mer) pour un projet Horizon 2020 de 5 millions d’euros. J’ai un profil très européen puisque j’ai également travaillé pendant 12 ans à l’Assemblée des régions d’Europe où je facilitais la coopération entre des régions de tout le continent (de la Scandinavie à la Turquie, en passant par l’Espagne ou la Russie) en matière de développement économique.

J’ai finalement atterri à Troyes car le projet du Pôle européen était très ambitieux et correspondait parfaitement à ma vision du développement économique territorial. Actuellement, je suis donc chef de projet pour le pôle européen du chanvre et mes missions consistent à structurer et animer un écosystème autour de la filière chanvre.

Pouvez-vous nous présenter le Pôle et son rôle exact par rapport aux autres acteurs du territoire ?

Le projet du Pôle européen du chanvre a été officiellement lancé en novembre 2018. Notre ambition c’est d’avoir une structure entièrement autonome pour début 2023.

Ce collectif est né grâce à au Collectif Construction Chanvre en Grand Est, qui porte le projet, et à Troyes Champagne Métropole qui met également à la disposition du projet, de la ressource humaine. Nous avons aussi un grand nombre de partenaires qui nous accompagnent constamment pour développer le Pôle. On peut citer notamment FRD (Fibres Recherche et Développement), la Chanvrière, l’UIT Champagne-Ardenne, le Club de l’Écologie Industrielle de l’Aube, le Pôle IAR, la Chambre d’Agriculture de l’Aube et de la Haute-Marne, le groupe VICAT, l’Université de Reims et Envirobat qui sont des partenaires conventionnés. Cependant, d’autres acteurs sont déjà diversement impliqués dans la co-construction du Pôle sur des sujets spécifiques comme par exemple Business Sud Champagne, CIBBIOS ou Chanvria.

Avec l’ensemble de ces partenaires, nous souhaitons ancrer le pôle sur le territoire et faire sortir de terre une bioraffinerie avec des activités autour du chanvre et des produits biosourcés qui fonctionnent en économie circulaire. Aujourd’hui c’est grâce à ce collectif que nous faisons avancer le projet, puisqu’ils ont chacun des rôles définis dans l’animation et l’organisation du Pôle. Notre rôle à nous dans tout ça, c’est de réussir à structurer les idées de ces différents acteurs, de les faire travailler ensemble et de les aider à imaginer de nouvelles possibilités liées à la filière chanvre.

Voyez-vous le Pôle Européen du chanvre comme un cluster dédié à la filière chanvre ?

Si on prend la signification exacte du mot, en effet le Pôle Européen du Chanvre est un cluster puisque c’est un collectif qui rassemble. Cependant, aujourd’hui il est encore difficile de déterminer si le Pôle sera un cluster ou autre chose au niveau de la structuration, on ne souhaite pas s’enfermer dans une désignation. Ce qui est sûr, c’est qu’on est un assembleur, un catalyseur et un accélérateur de talents dédiés à la filière chanvre.

Vu son nom, le Pôle a-t-il une vocation européenne ?

Évidemment. Notre ambition c’est d’être LA référence européenne du chanvre. La Chanvrière est déjà le leadeur européen de la production de chanvre mais on ne doit pas se limiter à ça. On doit aussi devenir un centre névralgique du chanvre. Sur le Territoire, nous avons des ressources, des compétences, des centres de recherche mais il y a aussi d’autres structures un peu partout en Europe qui pourraient nous apporter beaucoup. Il faut qu’on trouve le moyen de travailler avec elles, pour partager notre savoir et apprendre d’elles. Pour acquérir la dimension européenne que nous recherchons, nous devons réussir à nous entourer des bons partenaires.

Actuellement, vous mettez en place des groupes de travail, pouvez-vous m’en dire plus ?

Pour structurer efficacement le Pôle Européen du Chanvre, nous avons mis en place 7 groupes de travail composés de 5 groupes techniques spécifiques et 2 groupes transversaux.

Les Groupes techniques rassemblent l’ensemble de la chaine de valeur sur les différents marchés du chanvre. Les thématiques abordées par ces groupes sont variées et permettent de travailler avec de nombreuses compétences du territoire. Nous avons un groupe sur les procédés et la production agricole qui est animé par la Chambre d’Agriculture. C’est un groupe qu’on peut considérer comme fondamental car il permet d’alimenter tous les autres. Il y a également un groupe dédié à l’univers du bâtiment qui est animé par un architecte indépendant. Ensuite, un atelier est dédié à l’alimentation, la cosmétique et la santé et est animé par le Pôle IAR (Pôle de compétitivité Industries et Agro-ressources). Un groupe est animé par FRD (Fibres Recherche et & Développement) sur la thématique de la plasturgie et des composites. Enfin, nous avons un groupe dédié à la filière textile, qui a pour ambition de créer une filière chanvre-textile en Sud Champagne.

Puis, il y a 2 groupes transversaux. Le premier aborde la thématique des outils de transfert et d’innovation. Le second doit plancher sur la future bioraffinerie du chanvre, qui trouvera sa place autour de La Chanvrière, à Saint Lyé, dans une logique d’économie circulaire.

L’ensemble de ces groupes permettent de construire petit à petit l’identité, les objectifs et les ambitions du Pôle Européen du chanvre.

Business Sud Champagne est en charge du pôle implantation de la filière chanvre, comment votre collaboration s’organise-t-elle ?

Business Sud Champagne est l’animateur de la cellule implantation de nouvelles activités que nous avons mis en place récemment. Pour nous, c’est le partenaire clé pour la partie prospection et l’implantation d’entreprises au sein de cet écosystème.
Il nous accompagne également dans la structuration de l’écosystème en faisant connaître le Pôle aux entreprises du territoire et en nous permettant d’identifier les entreprises susceptibles de travailler avec le chanvre. Lorsque ces entreprises sont identifiées, BSC établi le contact et les accompagne dans la suite du processus.

Business Sud Champagne est finalement le partenaire phare d’accompagnement et de conseils sur le développement économique pour notre filière. Leur travail sur la mise en place d’une stratégie d’attractivité territoriale est également très utile pour la visibilité du territoire et de la filière chanvre.