François-Xavier Moons
François-Xavier Moons, Directeur Général de Capdéa
Français-Xavier Moons est le Directeur Général de Capdéa, 10220 Assencières, 10240 Aulnay, 10350 Marigny-le-Châtel.
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle François-Xavier Moons, je suis le Directeur Général de la coopérative Capdéa. Je travaille dans l’Aube depuis 28 ans mais je suis originaire de Lille. J’ai intégré le Sud Champagne parce que j’aime mon métier que je peux pratiquer facilement ici, j’aime le territoire et son environnement ainsi que les hommes que j’y croise.
Qu’est-ce que la coopérative Capdéa ?
Capdéa est une coopérative auboise qui appartient à 800 agriculteurs depuis 1970. C’est une coopérative qui est centrée sur son territoire. Notre cœur de métier c’est la déshydratation au service d’une finalité qui est de valoriser la production agricole de nos agriculteurs, dans la pérennité. Pour cela, nous avons une stratégie en 3 axes : la diversification, la valeur ajoutée à tous les niveaux et une croissance régulière. Cette stratégie repose sur 4 activités. La plus petite concerne la production de graines pour la panification, qui représente environ 1% de notre chiffre d’affaires. La deuxième, c’est de mettre au service du territoire, de ses agriculteurs et des entreprises locales, nos outils et nos hommes pour créer de la prestation de services, ce qui représente 1 million d’euros de chiffre d’affaires. La troisième, et c’est notre spécialité, c’est d’être fournisseur de matières premières pour l’industrie pharmaceutique avec 2 activités, dont la valorisation des co-produits de la vigne pour produire des pépins polyphénols. Nous en produisons environ 2000 tonnes par an.
L’activité principale de la déshydratation, et c’est là où elle est le plus connue, c’est la fourniture de matières premières pour l’alimentation animale. Nous y produisons des granulés de pulpe de betteraves, de maïs, des marcs de pommes mais notre cœur de métier, c’est la luzerne. C’est une plante magique puisqu’elle produit beaucoup de protéines, 2,8 tonnes à l’hectare. Elle est pratiquement sans engrais et ne consomme quasiment aucun produit phytosanitaire, elle est absolument vertueuse. L’objectif de cette luzerne est donc de produire des protéines françaises, non OGM, tracées et de grande qualité. Nous en avons 7400 hectares chez nos adhérents dont 11% en Agriculture Biologique.
L’ensemble de ces activités représente 140 000 à 190 000 tonnes de production par an, 30 à 35 millions d’euros de chiffre d’affaires et environ 100 personnes qui travaillent et s’investissent pour Capdéa.
Quels sont les domaines d’excellence de Capdéa ?
Les domaines d’excellence de Capdéa sont ses outils et ses équipes. Notre métier c’est de déshydrater, c’est-à-dire stabiliser en évaporant l’eau des produits agricoles qui viennent des champs de nos adhérents comme la luzerne, la pulpe, etc, pour les conserver, les conditionner sous une forme valorisable et les stocker. Nous sommes sur un enjeu énergétique puisque nous produisons de l’air chaud pour extraire l’eau. Notre premier domaine d’excellence est donc de réussir à diminuer nos consommations d’énergie en luzerne de 50%. Nous disposons d’une certification ISO-50001 qui nous permet d’atteindre plus facilement nos objectifs. Notre second point d’excellence c’est la capacité de nos équipes à être réactifs peu importe le contexte du monde agricole qui varie régulièrement.
Pouvez-vous nous présenter le projet d’entreprise de Capdéa à Marigny-le-Châtel ?
Le projet d’entreprise de Capdéa s’appelle « ++AB ». Les mots clés de ce projet sont : croissance, territoire, vertueux et surtout Agriculture Biologique. Notre Conseil d’Administration représentant les 800 adhérents de la coopérative a réfléchi dès 2017 à l’avenir de Capdéa. Ils se sont posés des questions sur le marché, les enjeux de R&D, les enjeux de pérennité et il a trouvé un nouveau projet d’entreprise pour assurer l’avenir de Capdéa sur 15 ou 20 ans.
Concrètement, qu’est-ce que le projet ++AB ?
Concrètement, le projet ++AB a pour objectif de développer la production de luzerne dans des territoires à enjeux eau pour 1600 hectares, 20 000 tonnes de production supplémentaires pour la coopérative, environ 25% de notre production qui sera Agriculture Biologique alors qu’on est à 11% aujourd’hui. C’est 2000 tonnes de protéines pures, biologiques, tracées, non OGM et qui rentrent dans le cadre du plan stratégique national protéines dont parle régulièrement le gouvernement.
Pour y arriver, nous avons investi 13 millions d’euros, financement partagé avec 4 partenaires ainsi qu’une banque. Le premier partenaire, c’est l’Agence de l’Eau Seine Normandie qui nous a aidés puisque nous allons implanter la luzerne dans des territoires avec de forts enjeux, comme les Aires d’Alimentation de Captage d’ Eau de Paris pour exemple. Le second partenaire est l’ADEME qui va nous aider pour la transition de l’énergie fossile vers la biomasse. Le troisième partenaire est bien évidemment la région Grand Est qui nous accompagne sur la partie développement économique, elle nous a aidé à créer des emplois et à créer une dynamique autour du projet. Le dernier partenaire, c’est l’Agence Bio, qui nous a aidé à investir dans les outils pour la récolte et dans nos engins. Outre ces partenaires financeurs, nous avons aussi emprunté 7 millions d’euros auprès du Crédit Agricole Champagne-Bourgogne. Nous remercions donc ces 4 partenaires et notre banque qui croient en notre projet.
La mise en service sera rapide puisque la majorité des outils seront opérationnels en 2021.
Une fois le projet ++AB opérationnel, quelles seront vos futurs projets territoriaux ?
Le projet ++AB c’est au moins 2 ans de travail pour nos équipes. Après ça, on va devoir créer plus de liens avec les fournisseurs d’énergie. Aujourd’hui on consomme 15 000 tonnes de plaquettes forestières et on va passer à 80 000 tonnes, on réfléchit donc à se rapprocher des scieurs locaux et des entreprises d’exploitation forestière pour créer une dynamique plus intégrée et gagnante-gagnante au niveau commercial. Ensuite, pour assurer la rentabilité du projet ++AB, nous allons devoir développer une gamme plus complète de produits biologiques. La luzerne conventionnelle c’est actuellement 20 références contre 3 seulement en luzerne bio. Nous espérons bientôt passer à 10 références.
Enfin, nous travaillons aussi sur la création d’une filière de valorisation de la paille céréalière. Depuis 3 ans maintenant, nous réfléchissons à la production de granulés pour les litières et l’alimentation animale. En 2020, nous sommes à 6000 tonnes sur ce marché et nous espérons atteindre les 20 000 tonnes en 2023.